de mon attachement devait donc lui être complètement indifférente.
Rebuté par lui, j’essayai de rechercher une autre amitié.
Cette année-là, nous avions travaillé, durant l’automne, dans une maison de campagne dont les maîtres étaient absents ; la jardinière, grosse et robuste fille de vingt ans, avait paru me témoigner quelque intérêt ; tantôt elle m’avait aidé, lorsqu’elle passait du côté de notre bâtisse, à charger une lourde augette sur mes épaules, parfois elle m’avait donné un fruit à l’heure de nos repas, ou m’avait fait entrer chez elle pour me chauffer lorsque j’étais resté des heures entières, par une pluie fine et froide, à servir mon maître, fort insoucieux de l’intempérie des saisons.
Une profonde reconnaissance des bontés de Catherine m’était restée au cœur ; croyant la lui témoigner de mon mieux en lui parlant de l’affection que la gratitude m’inspirait, cédant surtout à cet impérieux besoin d’attachement, d’expansion que l’insouciance de mon maître avait redoublé en le comprimant, je dis timidement à cette fille, les yeux humides de larmes, le cœur tout gonflé d’espoir et de tendresse :
— Mademoiselle Catherine,… voulez-vous me laisser bien vous aimer ? vous êtes si bonne pour moi !
La robuste fille me regarda de ses gros yeux ronds, où se peignit d’abord la surprise, puis, partant d’un bruyant éclat de rire qui ébranla toute sa massive personne, elle s’écria :
— T’es trop petit.