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elle ne répond pas,… la mère ! elle chancelle,… elle tombe,… elle est morte !… C’est ma foi vrai, elle est morte !… Tiens, qu’est-ce que c’est donc que cette lueur blanche qui s’envole et qui monte là-haut, où sont montés les petits enfants ailés ?… Bon… voici la lune qui se couche sous un gros nuage noir… Je vais faire comme la lune… Bon soir la compagnie… »

Et Limousin tombait sur notre paillasse, épuisé, étourdi par cette double ivresse, dans laquelle l’imagination avait autant de part que le vin.

Tour-à-tour égayé, touché ou effrayé par ces récits ou par ces monologues étranges, je passais presque chaque dimanche dans une fiévreuse agitation, la nuit, des songes bizarres semblaient continuer pour moi les hallucinations de mon maître.

Le lundi matin, Limousin m’éveillait comme de coutume, son visage, son geste, son accent, si animés le jour précédent, étaient redevenus calmes et froids ; à l’exubérance de paroles de la veille succédait un flegme taciturne.

Mon maître reprenait alors sa tâche quotidienne, habituelle, toujours avec son ardeur, le premier et le dernier à l’ouvrage ; mais pendant la semaine, il ne m’adressait pas vingt fois la parole.

Avant de poursuivre, je dois parler d’un personnage qui joue un grand rôle dans mon récit.