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CHAPITRE I.


limousin et son chien.


Je n’ai conservé qu’une idée confuse et incomplète des événements qui ont précédé ma huitième ou ma neuvième année. Cependant, de cet obscur passé, déjà si lointain, j’ai gardé la mémoire d’une belle jeune femme dont les doigts agiles faisaient presque continuellement bruire les fuseaux d’un métier à dentelles, tout couvert de brillantes épingles de cuivre ; ce cliquetis sonore des fuseaux faisait ma joie, il me semble l’entendre encore ; mais, le soir, cette joie se changeait en admiration : couché dans mon petit lit, je voyais cette même jeune femme, ouvrière infatigable (ma mère, peut-être), travailler à la lueur d’une chandelle dont la vive clarté redoublait d’éclat en traversant une eau limpide renfermée dans un globe de verre ; la vue de ce foyer lumineux me causait une sorte d’éblouissement et d’extase auquel le sommeil seul mettait un terme.

Vient ensuite une longue lacune dans mes souvenirs, causée, je crois, par une maladie.