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» J’ai l’honneur d’être, Monsieur, votre humble serviteur,

» martin. »


La lettre cachetée annoncée par Martin portait pour suscription : Au Roi, et à travers l’épaisseur de l’enveloppe on sentait une petite clef, sans doute la clef du coffret.

Le comte restait frappé de stupeur ; il ne pouvait en croire ses yeux ; deux fois il relut le billet de Martin avec un étonnement croissant. Quels rapports son valet de chambre pouvait-il avoir avec un roi ?

Cet homme qui jusqu’alors avait, sans l’ombre d’un scrupule, forcé la malle de son serviteur et commis la plus grave indiscrétion, hésitait à poursuivre le cours de ses violations, mais la tentation était trop forte, il y céda, et, d’une main un peu tremblante, il décacheta la lettre au Roi, y trouva une petite clef et lut ce qui suit :


« Sire,

» Voici les Mémoires que vous désirez lire.

» Depuis long-temps, ainsi que je vous l’ai dit, j’avais pris l’habitude de tenir une espèce de journal de ma vie.

» Du jour où, par suite de mon existence errante et tourmentée, je me suis trouvé témoin ou acteur d’aventures singulières, il m’a paru curieux, instructif et même utile pour moi (j’ai eu la preuve de cette utilité en plusieurs circonstances), d’écrire ce mémento et de le conserver.

» Sauf quelques réflexions intercalées çà et là depuis peu, et que j’ai pris la liberté de vous adresser, Sire,