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choisie par mon drôle… Il était alors absent… Je trouvai amusant de lui souffler sa femme… comme je lui avais soufflé sa fiancée.

— Tu les entends… le père et le fils… — dit le braconnier à Martin d’une voix sourde et entrecoupée, car la rage le suffoquait.

— Je les entends, — répondit Martin avec une tristesse profonde.

— Mais le diable voulut, — poursuivit le comte, — que Claude Gérard, un beau jour, revint à l’improviste, et me surprit avec Mme Claude Gérard.

— La femme d’un maître d’école ! — dit Scipion d’un ton de reproche, — tu m’avais toujours caché ce faux pas… Et tu as eu le front de me reprocher cette pauvre Chalumeau !!

— Scipion, sois généreux… Or donc, Claude Gérard me surprend en conversation des plus criminelles. Il était armé d’un fusil à deux coups. Je savais le drôle féroce comme un loup… Franchement, je me vis mort… Devine, alors, ce que fait le Claude ?

— Écoute-le… écoute-le… — dit le braconnier à Martin.

— J’écoute… — répondit Martin.

— Que diable a pu faire le Claude ? — dit Scipion en réfléchissant… — Embusqué au pied du lit de sa femme, il t’a demandé… la bourse ou la vie ?…

Le braconnier poussa un cri terrible, et fit un mouvement si violent, qu’il faillit à rompre les liens qui l’attachaient.

— Claude… mon ami… — lui dit Martin d’un ton de doux reproche… — du calme et du mépris.