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— Je puis te croire… je le sais ; suis-moi,… tu es sauvé.

S’enfonçant alors de quelques pas dans un épais taillis, à gauche de l’affût où il s’était caché, le braconnier démasqua péniblement l’étroit orifice d’une sorte de tanière. La trappe mobile qui la fermait se composait de gros cotrets de sapins, recouverts de pierres moussues cimentées avec de la terre, où des touffes de ronces avaient depuis long-temps pris racine.

Le fugitif allait se glisser dans ce refuge inespéré, lorsque le braconnier lui dit avec un accent de tristesse solennelle :

— Respect et pitié,… pour ce que tu vas voir ;… sinon tu serais un sacrilège, indigne de compassion.

Et comme le fugitif attachait sur le braconnier un regard surpris et inquiet, le bruit des trompes, jusqu’alors confus, se rapprocha de plus en plus. Alors Bête-Puante, poussant vivement Bamboche par l’épaule, lui dit à voix basse, après avoir de nouveau et attentivement écouté :

— J’entends le galop des chevaux… Vite,… vite,… cache toi.

Puis, frappé d’une idée soudaine, pendant que Bamboche disparaissait par l’étroite ouverture, le braconnier, laissant l’orifice ouvert, s’élança d’un bond hors du taillis, se mit à plat ventre au milieu de la clairière, colla son oreille à terre, percevant ainsi plus distinctement que dans l’épaisseur du bois les bruits les plus lointains.

Bientôt il se releva, en s’écriant d’une voix désespérée :