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Instruits de ce fait, fort grave en soi, ainsi présenté : que l’explosion dont on a parlé résultait d’une tentative de meurtre sur le comte, et qu’un de ses gens, complice du coupable, avait avec lui des entrevues nocturnes, M. Duriveau et son fils, prévenus par Beaucadet de l’arrestation qu’il allait tenter, voulurent y assister afin de s’assurer par eux-mêmes de la vente.

À la vue du comte, Beaucadet s’écria :

— Victoire… nous les tenons, les brigands. Monsieur le comte, votre domestique a filé… doux comme miel… Je lui rends justice… il a été au-devant des poucettes… mais la Bête-puante s’est débattue comme une bête enragée.

La lune brillait toujours, le comte et Scipion s’approchèrent du groupe de soldats, au milieu duquel se trouvait Martin et le braconnier.

— Ainsi, mauvais drôle, — dit le comte à Martin avec un dur mépris ; — vous aviez, sans doute, avant d’entrer à mon service… des accointances avec ce misérable vagabond, qui, non content de braconner mon gibier… en veut, à ce qu’il paraît, à ma vie… et moi, qui vous ai pris de confiance… Croyez donc aux certificats… aux bons renseignements !…

— Es-tu jeune ?… — dit Scipion en haussant les épaules.

— Autant croire aux qualités des chevaux vendus par un maquignon… chevaux et valetaille ne se connaissent qu’à l’usé…

Martin, calme et pensif, sourit doucement et ne répondit rien.