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rusons… n’ayons l’air de rien… Nous n’avons eu l’air de rien, et vous êtes pincé.

— Et de quoi m’accuse-t-on ?… — demanda froidement Martin.

— De quoi l’on vous accuse, mon gaillard ? d’avoir été dans la connivence de la per-pé-tration du coup de feu tiré sur Monsieur le comte il y a trois jours…

— Moi ? — dit Martin en haussant les épaules, — mais j’ai été blessé… légèrement il est vrai.

— Raison de plus, frime bien jouée… je le dis, mon malin… mais dans quoi je ne donne pas… Vous saviez si bien cette vermine de Bête-puante cachée dans le massif, que vous avez voulu faire retirer M. le comte de la fenêtre qui donnait sur ledit massif, de peur que M. le comte n’y découvrît Bête-puante… Vous étiez si bien son complice que, pour favoriser son évaporation, vous avez donné un signalement qui ressemble au sien comme je ressemble à quelqu’un de très-laid…

Puis, s’interrompant, Beaucadet ajouta :

— Mais, tenez, voilà justement M. le comte et son fils, je les avais fait prévenir… Ils ont voulu venir s’assurer par eux-mêmes de votre scélératesse, mon gaillard.

En effet, l’on vit bientôt descendre d’une légère voiture de chasse le comte Duriveau et son fils. Malgré la gravité de la scène qui s’était passée dernièrement entre eux, la meilleure, la plus cordiale intelligence régnait entre le père et le fils, le comte, en un mot, semblait avoir oublié ses regrets passagers et avoir repris son rôle de jeune père à l’égard de Scipion.