Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/376

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cet homme, que ni la foi jurée, ni tes instances si puissantes… à toi, son fils, ne pourraient ébranler… tu as dû pourtant…

— Claude, — dit Martin en interrompant le braconnier d’une voix solennelle, — jurez-moi de ne rien tenter contre M. Duriveau pendant un mois… et au bout de ce mois…

— En avant, gendarmes ! — s’écria tout-à-coup une voix retentissante.

Et, plus prompt que la parole, Beaucadet, embusqué depuis quelques instants avec cinq gendarmes derrière les ruines du fournil, où il s’était glissé, se précipita sur Bête-puante, tandis que les autres soldats se jetèrent sur Martin, qui, stupéfait de cette brusque attaque, ne fit aucune résistance.

Il n’en fut pas de même du braconnier ; une lutte vigoureuse, opiniâtre, s’engagea entre lui et ses adversaires, qui parvinrent à grand’peine à le terrasser et à lui mettre les menottes.

— Ah ! je disais bien, vermine malfaisante, — dit Beaucadet triomphant, — que tôt ou tard je te pincerais… j’avais envoyé des hommes à cheval par la jetée de l’étang, mais j’étais venu à pied par les landes ; aussi, une fois l’écluse lâchée, tu t’es cru en sûreté ? hein, brigand ?

Le braconnier ne répondit pas.

S’adressant alors à Martin :

— Et vous, mon gaillard, l’ami intime de ce gueux de Bamboche, qui s’est fait saluer par mes gendarmes, j’avais bien raison de dire à M. le comte : rusons…