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ainsi de ces deux malheureux dont j’ai si grande pitié ; le dédain, l’orgueil, la dureté gonflent leur cœur ; leur âme et leur esprit sont viciés. Eh bien ! Claude, ces cœurs gangrenés, je veux les régénérer, les sauver en les enlevant à leur atmosphère corrompue, en les transportant dans un milieu d’idées saines et pures, où ils ressentiront la chaleur vivifiante des pensées généreuses ; je veux donner enfin à ces âmes malades une nourriture à la fois douce, salubre et forte comme le lait maternel… Alors, Claude, dites, dites, mon ami, ne sera-ce pas un grand et touchant exemple, que de voir ces malheureux revenir à la vie de l’âme ?… à tous les nobles sentiments qu’ils insultaient naguère… Cette transformation de méchants en hommes de bien ne sera-t-elle pas d’un enseignement plus fécond que le terrible mais stérile exemple que vous rêvez ?

— Laisse-moi… laisse-moi… tu me rendrais aussi faible, aussi lâche que toi, — dit brusquement le braconnier ; — ainsi, il n’y aurait aucune punition pour cet homme qui a fait tant de mal à ses frères ? Non, non, je tiens à ma vengeance, moi…

— Rassurez-vous, Claude ; vous serez vengé… il sera puni.

— Par qui ?…

    par son père, feu M. le docteur Sue. Le malade reconnaissant voulut faire élever un monument qui consacrât le souvenir de sa résurrection, disait-il. Ce monument était surmonté d’un groupe d’une vingtaine de figures, dont on peut voir la réduction (grandeur demi-nature) dans le riche Musée d’anatomie, d’histoire naturelle, géologie, etc., etc. et que M. le docteur Sue a légué à l’École royale des Beaux-Arts de Paris, rare collection commencée par le grand-père de feu M. le docteur Sue.

    (Note de l’auteur.)