Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Oui, Martin… Basquine… la Levrassele

Bamboche interrompit le braconnier, comme si les noms bizarres prononcés par celui-ci eussent suffisamment prouvé l’identité de Martin, et s’écria radieux :

— C’est lui… c’est bien lui.

Le fugitif oubliait ainsi la poursuite acharnée à laquelle il venait d’échapper par miracle, et dont il pouvait être victime dans quelques instants.

Aucune des impressions de Bamboche n’échappait au regard pénétrant de Bête-Puante. Soudain, formant avec sa main une sorte de conque, il l’approcha de son oreille, et quoique le plus profond silence continuât de régner dans cette solitude, il dit à voix basse, après avoir encore écouté un instant :

— On approche… tu es perdu.

— Vous connaissez Martin,… il est donc revenu de l’étranger, — dit le fugitif, oubliant toujours le péril.

Cette abnégation de soi, dans un moment si formidable, toucha le braconnier, qui reprit :

— Martin est ici,… il te doit beaucoup, je le sais ; c’est en son nom que je te sauve, innocent ou coupable.

Le fugitif tressaillit.

— Mais par l’amitié fraternelle que tu as vouée à Martin, — promets-moi que, s’il l’ordonne, tu te livreras toi-même à la justice.

— Que Martin me dise : — livre-toi… — je me livrerai…