Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/364

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Pour la race que je veux frapper… pas d’enseignement… sans épouvante…

— Peut-être…

— Non… la terreur… la sainte terreur…

— Quel est votre but, Claude ? encourager les bons à persévérer dans le bien… empêcher les méchants de persévérer dans le mal…

— Et punir les méchants du mal qu’ils ont fait, afin que cette punition terrifie leurs pareils.

— Mais si les méchants deviennent aussi bons qu’ils ont été méchants, Claude ? mais s’ils deviennent aussi humains qu’ils ont été inhumains ?

— Bons ? humains ? — répéta Claude avec un étonnement profond, — il ne s’agit donc plus du comte Duriveau… ton père

Et le braconnier prononça ces mots ton père, avec une ironie cruelle.

— Il s’agit du comte Duriveau, mon père…

— Et du vicomte, ton frère ?

— Et du vicomte, mon frère…

— Adieu… ta livrée a déteint sur toi… la domesticité, c’est l’esclavage… l’esclavage t’a amolli, corrompu…

Et le braconnier fit un brusque mouvement pour s’éloigner.

Martin le retint, et lui dit d’une voix tristement émue :

— Vous êtes sévère pour moi, Claude.

— Parce que tu es lâche… parce que tu désertes la bonne cause, parce qu’il n’y a plus rien en toi de mâle et d’énergique… parce que tout-à-l’heure tu vas sans