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du profond silence de la nuit le bouillonnement lointain d’une forte chute d’eau.

— Vous avez donc levé le merrin, Claude ?

— Oui… depuis une heure,… lorsque, en me rendant ici, j’ai vu ces cavaliers paraître à la corne de l’étang ;… car, d’après leur route, ils ne pouvaient venir qu’ici… Et ici, ils ne pouvaient venir chercher que moi.

— Alors, vous avez raison, mon ami, la levée est submergée, les cavaliers seront obligés de rebrousser chemin.

— Et une fois engagés au milieu des marais et des tourbières qui bordent l’étang de notre côté, ils mettront plus d’une heure avant de nous joindre, et dans une heure, je serai hors de leur atteinte. Maintenant… écoute-moi…

— Je vous écoute… Claude.

— Il y a quelques mois, j’ai été instruit du secret de ta naissance… tu étais en pays étranger ; je t’ai écrit… tu es revenu en France… Je t’ai dit l’atroce conduite de Duriveau envers ta mère… qu’il avait rendu folle de désespoir… en te faisant enlever à elle pour t’abandonner tout enfant à la vie la plus misérable… Je t’ai dit comment, après m’avoir impitoyablement frappé au cœur… moi qui ne lui avais jamais fait de mal… Duriveau, mon mauvais génie… m’a une seconde fois outrageusement frappé dans mon honneur…

— Je le sais… tout cela a été infâme, Claude… bien infâme…

— Je l’ai dit comment enfin, et de son aveu… j’ai eu légitimement, légalement… entre les mains… la vie de cet homme qui, pâle… résigné, attendait la