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Le braconnier soupira profondément et baissa la tête. Martin, non moins accablé que lui, ne s’aperçut pas qu’une larme tombait des yeux de son compagnon et se perdait dans sa barbe grise.

Surmontant son émotion, Martin reprit après quelques moments de silence :

— Et Bruyère ? ma pauvre sœur ?

— Je te l’ai écrit, elle ne court aucun danger… elle est seulement toujours bien faible… Demain… tu pourras la voir.

— Pauvre enfant, — dit amèrement Martin, — je n’ai appris son existence qu’en apprenant aussi… les malheurs qui l’avaient flétrie si vite… et si tôt… Mais vous ne m’abusez pas, Claude ? demain je la verrai ? Elle ne court plus aucun danger ?

— Non,… sa jeunesse a pu résister à tant de coups… à tant d’émotions… Sa santé est bonne, te dis-je, aussi vrai que j’ai retiré cette pauvre petite de cet étang maudit.

— Oui… Claude,… brave Claude… encore une dette… envers vous ! Encore et toujours ! Je vous trouve sur mon chemin comme un génie tutélaire, — dit Martin avec attendrissement en tendant ses deux mains au braconnier qui les serra fortement entre les siennes ; — mais, dans votre lettre, écrite à la hâte, vous n’avez pu me dire comment vous aviez pu arracher ma sœur à une mort presque certaine ?

— Caché dans le bois, j’avais assisté à cette horrible scène… de la découverte de l’enfant, — reprit le braconnier. — Entendant le gendarme déclarer qu’il se rendait à la métairie pour arrêter Bruyère, j’ai espéré