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et les deux tanches, puis il resta seul, non loin des ruines du fournil.

Pendant quelque temps Bête-puante marcha d’un air sombre, pensif, tantôt prêtant une oreille inquiète aux pas de Martin, qui se rapprochaient de plus en plus, tantôt jetant un regard perçant sur l’autre berge de l’étang où l’on entendait depuis quelques instants seulement le bruit lointain et toujours croissant d’une forte chute d’eau.

Bientôt Martin parut au milieu des ruines du fournil ; apercevant le braconnier qui venait à sa rencontre, il courut à lui, et, le serrant dans ses bras, il lui dit d’une voix douloureusement émue :

— Pardon… Claude… pardon…

— Pourquoi pardon, mon enfant ? — demanda le braconnier, avec l’accent d’une affection toute paternelle.

— Hélas ! Claude, il y a trois jours, lorsque, pénétrant dans le parc et vous glissant jusqu’auprès du château… pour tâcher de me voir… et de m’apprendre…

Martin s’interrompit un instant, tressaillit, et reprit d’une voix altérée :

— De m’apprendre ce cruel événement que votre lettre du lendemain…

Martin s’interrompit encore ; il ne put achever… Ses larmes le suffoquaient.

— Du courage… mon enfant… — lui dit le braconnier, — du courage… Quant à l’événement de l’autre soir… n’y pensons plus… Tu m’as vu me dresser menaçant… au moment où Duriveau étalait