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Le vieux veneur devint pourpre et tressaillit.

Le sous-officier, surpris par ce bruit soudain, fit un bond sur sa selle, et leva curieusement les yeux vers les cimes vertes et touffues des sapins. Ce mouvement l’empêcha de remarquer l’émotion du piqueur, ainsi qu’un léger mouvement du feuillage vers l’endroit le plus fourré du taillis qui bordait le carrefour ; pourtant il ne faisait pas alors le moindre souffle de vent.

— Voilà un vilain cri d’oiseau, — dit M. Beaucadet.

— Vous ne reconnaissez pas le cri de l’aigle de Sologne ? — dit tranquillement Latrace. — Tenez, le voilà là-bas qui s’en va gagnant son repaire, rasant les tallées de chênes. Quels coups d’ailes !

— Où donc ? père Latrace, où donc ?

— Là-bas ; vous ne le voyez pas, à gauche, près de ce sapin tordu ? le voilà qui s’élève encore. Tenez,… tenez…

— Je n’y vois que du feu ; je n’ai pas comme vous des yeux de chasseur… Si c’était mon brigand ou ce gredin de Bête-Puante, je le dévisagerais à cent pas. Mais voilà Ramageau, nous allons avoir des nouvelles de la battue.

En effet, le gendarme que l’on apercevait en plaine depuis quelques moments, arriva et s’arrêta auprès du groupe. Le cheval de ce soldat était fumant et blanc d’écume.

— Eh bien ! Ramageau ? — dit le sous-officier.

— Monsieur Beaucadet, on commence la battue. Les paysans requis pour faire la traque du brigand ont