Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/296

Cette page a été validée par deux contributeurs.

voix officielle, — j’ai le droit d’instrumenter en son nom. Je viens d’apprendre que, ce soir, un coup de pistolet a été tiré par un homme embusqué sur un de vos domestiques… Mon devoir, Monsieur le comte, est de verbaliser et de…

— Eh ! verbalisez tant que vous voudrez ; mais laissez-moi en repos, — s’écria le comte hors de lui, en frappant du pied avec fureur.

— Mais, Monsieur le comte, ce n’est pas tout ; le domestique blessé se nomme Martin, et je le soupçonne… de…

Beaucadet n’acheva pas, car le comte, sans l’écouter davantage, disparut dans une des sombres allées du parc.

— Il m’importe peu qu’il ne m’écoute pas, — dit le sous-officier, — l’occasion est fameuse pour interroger ce Martin, que je soupçonne d’être un fier drôle, vu que son nom est écrit sur un des bras de ce brigand de Bamboche… qui s’est fait saluer par mes gendarmes, le grand gueux !…

Ce disant, Beaucadet regagna le château.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Une demi-heure environ après sa rencontre avec le sous-officier, le comte gravissait les degrés du perron.

M. Duriveau était pâle, mais parfaitement calme. En entrant dans le vestibule, la première personne qu’il aperçut fut Scipion.

Le vicomte, se disposant à rentrer chez lui, allait allumer son cigare au bougeoir que son valet-de-chambre lui tendait d’une main, tandis qu’il portait de l’autre un flacon de rhum sur un plateau d’argent.