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à ceux que portent les soldats d’infanterie, un de ses pieds était nu, l’autre enveloppé de chiffons ; il tenait d’une main un paquet renfermé dans un mouchoir à carreaux, et de l’autre main il s’appuyait sur un énorme bâton noueux.

Après avoir lu ce signalement, M. Beaucadet le remit dans les fontes de ses pistolets, et dit au piqueur, qui semblait très-préoccupé depuis quelques instants :

— J’espère que mon brigand est commode à dévisager, il n’y a pas moyen de prendre votre gibier pour le mien, père Latrace ; mais à quoi diable pensez-vous donc ?

— Je pense, — dit lentement le vieux veneur, avec un étonnement naïf, — que c’est tout de même un drôle de hasard.

— Quel hasard ?

— Que votre brigand ait tatoué sur la poitrine amitié fraternelle pour Martin.

— Qu’est-ce qui vous étonne là-dedans, père Latrace ?

— Dam,… c’est que le nouveau valet de chambre que M. le comte a amené ici s’appelle… Martin.

— Bigre,… — fit M. Beaucadet en se dressant sur ses étriers.

Après un moment de surprise et de silence, le gendarme s’adressant au piqueur :

— Ainsi, le nouveau valet-de-chambre de M. le comte du Riveau s’appelle Martin ?

— Oui.