Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/267

Cette page a été validée par deux contributeurs.

un billard, dont les trois portes vitrées s’ouvraient dans une immense serre tempérée formant un jardin d’hiver, alors éclairé par des lampes de bois rustique chargées de bougies et remplies de plantes retombantes, telles que géraniums à feuilles de lierre, verveines, cactus et ficoïdes de toutes sortes. Les allées tournantes, pavées en mosaïque de couleurs variées, circulaient autour d’énormes massifs de camélias, de rhododendron, de magnolias, de mimosas, de bruyères, d’éricas, etc., etc. Au fond du jardin on voyait une grotte de rocaille, dont les pierres moussues disparaissaient presque sous un inextricable réseau de passiflores, de glicynées, de bignonias, etc.

L’une des portes de ce jardin faisant face à celle du billard, s’ouvrait sur une serre chaude construite en galerie, et se terminant en rotonde, au centre de laquelle s’élevait une magnifique volière d’oiseaux les plus rares, qui ne pouvaient vivre que dans l’atmosphère des plantes tropicales.

Le café avait été servi dans le jardin d’hiver ; quelques femmes se promenaient, d’autres causaient assises sur des sièges rustiques, au fond de la grotte éclairée par des lanternes chinoises de couleurs variées ; tandis que le plus grand nombre des hommes s’étaient groupés autour du comte Duriveau, et, debout comme lui, savouraient un moka brûlant.

Cette belle nuit d’automne était si douce que plusieurs fenêtres du jardin d’hiver dont une des faces donnait sur le parc du château, avaient été ouvertes ; le dîner s’étant prolongé assez tard, la clarté de la lune se réfléchissait au loin dans une rivière, encaissée de gazon,