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fluents ; or, quelques amis de M. Duriveau, appartenant à un certain monde politique, lui avaient dit l’année précédente :

« Les temps sont graves : ces abominables idées radicales, sociales et démocratiques font un effrayant ravage parmi les classes laborieuses de la société ; il faut qu’un parti compact, énergique, inflexible, intimide et dompte ces penchants anarchiques qui nous conduiraient tout droit à la république, à la terreur, au maximum, etc., etc., etc. Grand propriétaire, vous êtes intéressé plus que personne au maintien de l’ordre et de la paix. Soyez des nôtres, soyez député à la place de M. de la Levrasse, homme rempli de bonnes intentions, mais sans valeur ; préparez votre candidature, le gouvernement du roi l’appuiera, vous serez nommé et vous voterez avec nous pour la conservation du… meilleur des régimes possibles. »

Ces ouvertures flattaient l’orgueil du comte Duriveau et irritaient ce qu’il y avait d’entier, d’implacable dans son caractère ; il suivit avec ardeur les conseils de ses amis, commença de se rapprocher de plusieurs électeurs influents du parti auquel il voulait appartenir, les reçut fréquemment au château du Tremblay, et le dîner auquel il les avait conviés ce jour-là, inaugurait son retour en Sologne.

Les divers incidents de la journée, l’espèce d’émeute soulevée par l’insolente audace de Scipion, lors de la découverte de l’enfant de Bruyère, devaient donc être doublement pénibles au comte Duriveau, d’abord parce qu’il craignait que Raphaële Wilson, après un pareil