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désespérée ; ton mariage était impossible ; M. Duriveau voulait alors marier son fils à une héritière de trois millions de fortune, d’une très-haute naissance ; et comme j’avais fait observer à mon amie que le consentement de Scipion était au moins nécessaire…

— Eh bien ! ma mère ? — s’écria Raphaële.

— On me répondit que si je connaissais M. Duriveau, je saurais que, pour cet homme d’un caractère de fer, chose voulue était chose faite.

— Scipion consentait donc à ce mariage ! — s’écria douloureusement Raphaële. — Il me trompait déjà !…

— Non, non, il ne te trompait pas ; mais il ne voulait pas sans doute heurter tout d’abord de front la volonté de son père.

— Et tu m’avais caché cela, ma mère ?

— À quoi bon te le dire, je t’avais fait revivre en te promettant de te faire épouser Scipion ; ces craintes, ces anxiétés, ces doutes t’auraient tuée ; il me fallait te laisser ta foi aveugle à ma parole, à ma promesse.

— Ô ma mère !… ma mère !… — murmura la jeune fille comme accablée sous ces preuves d’attachement de sa mère…

— Je voulus personnellement connaître le comte Duriveau, — reprit Mme Wilson ; — je voulus juger par moi-même cet homme redoutable qui tenait entre ses mains, sans le savoir, la vie de ma fille. Cette amie dont je l’ai parlé me fit rencontrer avec le comte…

— Et alors… ma mère ?

— Trois mois après cette entrevue, — dit Mme Wilson sans chercher à cacher cette fois l’orgueil de sa joie maternelle, — le comte Duriveau, après avoir rompu