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portant chevrons à la manche et ruban rouge à la boutonnière, avait plusieurs fois, durant l’entretien de son chef et du veneur, impatiemment haussé les épaules. Enfin, usant d’une liberté accordée ou tolérée en raison de ses longs services, il dit brusquement à son chef :

— Avec tout ça le temps se passe, et nous manquerons notre battue.

— Silence dans les rangs ! — dit impérieusement M. Beaucadet en regardant l’interrupteur par-dessus son épaule.

— C’était bien la peine de nous faire charger nos carabines et nos pistolets ! — murmura le vieux soldat d’un ton bourru.

— Une battue ? des armes chargées ? — dit le piqueur surpris. — Ah ! j’entends, — reprit-il, — vous êtes à la recherche de quelque réfractaire, de quelque braconnier… de Bête-puante, peut-être ?…

Et la physionomie du vieux veneur trahit de nouveau une légère inquiétude.

— Un réfractaire ? un braconnier ? — dit le sous-officier avec dédain. — Allons donc !… Le gibier que je vais traquer est à un réfractaire ou à un braconnier ce qu’un sanglier ou un loup est au renard que vous allez chasser, père Latrace, — répondit M. Beaucadet ; — mais je ne me presse pas de commencer ma traque et pour cause.

Avant de poursuivre ce récit, rappelons au lecteur que le lieu de cette scène touchait presque à la lisière d’un taillis de chênes, très-épais à cet endroit,