Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’écria la jeune fille en se jetant au cou de Mme Wilson, — oh ! combien je suis lâche,… et malheureuse ;… il ne m’aime plus peut-être, et je te brise le cœur…

— Il ne t’aime plus ! — s’écria Mme Wilson, en essuyant brusquement de sa main les larmes qui ruisselaient sur ses joues à fossettes, — il ne t’aime plus… — et ses joues pâlies s’empourpraient d’indignation. — Toi… toi… subir un tel mépris… Toi, belle entre toutes… toi belle… oh ! belle à réaliser l’idéal, l’impossible… — s’écria Mme Wilson, emportée par le fol orgueil de l’amour maternel.

— Ne plus t’aimer !! lui… — reprit-elle après un moment de silence ; — mais tu ne sais donc pas tout ce que m’a coûté…

Mme Wilson s’interrompit, emportée par son premier mouvement, elle allait dévoiler à sa fille un secret qu’elle voulait lui taire ; elle se hâta donc d’ajouter en se reprenant :

— Non, tu ne sais pas ce que cet amour m’a coûté d’inquiétudes… Calme-toi, rassure-toi donc… mon adorée.

— Hélas ! ma mère, depuis notre départ de Paris nous sommes fiancés… Et durant cette journée d’aujourd’hui, vous l’avez vu… rien… quelques politesses banales ; à peine il s’occupait de moi… toujours distrait, insouciant ; et qu’est-ce encore que cette indifférence, auprès de cette scène… horrible… où il a montré, comme toujours, tant de courage et de dédain !… Oh ! cette femme… cette fille des champs, il l’aime. Voilà pourquoi il ne m’aime plus… Il