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telligente, de magnifiques cheveux, des yeux étincelants ; la main fluette, le pied petit et cambré et une taille fort élégante, que faisait encore valoir une robe noire très-simple, mais façonnée à ravir. Mlle Isabeau paraissait aussi surprise qu’attristée de l’air souffrant, abattu, de ses deux maîtresses. À un signe de Mme Wilson, elle quitta l’appartement.

La mère et la fille restèrent seules.

La chambre à coucher de Raphaële, attenant à celle de sa mère, était tendue et meublée de toile de Perse, fond blanc semé de gros bouquets de bluets ; une lumière, à demi-voilée par un globe de cristal d’une opacité transparente, éclairait à demi cette pièce.

Mme Wilson avait quitté son habit de cheval pour une robe de chambre de cachemire gris de lin, bordée et ornée de passementerie d’un rose pâle, souple et fin tissu qui accusait les contours de ce corps charmant.

Assise au bord du lit de sa fille, elle tenait avec une sollicitude inquiète une de ses mains dans les siennes. La charmante figure de Raphaële, d’un coloris ordinairement si délicat et si rose, était alors tellement altérée, que, sans l’éclat fiévreux de ses grands yeux bleus et le châtain foncé de ses bandeaux de cheveux, la pâleur de son visage se fût confondue avec la blancheur neigeuse de la dentelle et de la batiste de son petit bonnet de nuit.

Cette toute jeune fille et cette jeune mère, ou plutôt ces deux sœurs ainsi groupées, offraient un ravissant tableau ; une douce lumière jetait sa clarté douteuse dans cette chambre tapissée d’étoffes fleuries