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Robin, — est-ce que vous êtes fou… Monsieur Beaucadet ?… arrêter cette pauvre petite ! la providence du pays !

— C’est vrai, — reprenaient les garçons de ferme, — arrêter cette pauvre petite… et pourquoi ?

— Parce qu’elle est accusée d’in-fan-ticide, — répondit Beaucadet d’un ton péremptoire en scindant les mots selon sa coutume.

— Qu’est-ce que vous nous chantez là ? — reprit la Robin, — vous parlez votre patois.

— En d’autres termes, ignare que vous êtes, — reprit dédaigneusement Beaucadet, — Bruyère est prévenue d’avoir tué son enfant.

À ces mots, deux cris terribles se firent entendre derrière l’angle formé par les murailles délabrées du fournil.

Au moment où Beaucadet accourait dans cette direction, suivi de ses gendarmes, Bruyère, avec la rapidité de l’éclair se dégagea de l’étreinte convulsive de sa mère, d’un bond franchit les décombres du fournil, et de cette hauteur se précipita dans l’étang.

Tout ceci s’était passé en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire.

Lorsque Beaucadet, accompagné de ses soldats et des gens de la ferme, arriva dans l’angle formé par les deux pans de muraille dont l’élévation leur avait caché la funeste action de Bruyère, ils ne trouvèrent que Perrine Martin.

La malheureuse mère, la tête renversée sur une pierre, les bras raidis, les mains crispées, les yeux