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m’a si long-temps gardée… et quand j’en suis sortie… guérie… je me le rappelle bien… j’ai demandé… cet étui… et d’autres choses aussi… auxquels je tenais… oh ! je tenais tant… et l’on m’a répondu… qu’on ne savait pas… ce que je voulais dire…

— Ce coffret… vous appartient… — s’écria Bruyère, et un moment un fol espoir vint luire à sa pensée. Si dame Perrine était sa mère… mais elle se rappela bientôt que, peu de moments auparavant, celle-ci lui avait exprimé le regret de n’avoir jamais eu de fille. N’osant parler, Bruyère attendait avec une angoisse inexprimable, l’éclaircissement de ce mystère.

Mme Perrine avait placé le coffret sur un décombre. Faisant alors jouer, non sans difficulté, à cause de la rouille, un petit crochet presque inaperçu, qui fermait l’étui, elle l’ouvrit et y prit d’abord un vieux hochet en osier, garni de grelots, ainsi qu’en ont quelquefois les petits enfants pauvres.

— Son hochet !… — s’écria Mme Perrine, — le hochet de mon fils ; je le croyais perdu… Quel bonheur… le voilà, — et après avoir couvert ce jouet de baisers joyeux, elle le replaça dans l’étui ; puis ce fut le tour d’un petit portefeuille de maroquin, garni d’ornements d’argent noircis par le temps, et parmi lesquels figurait une couronne de comte.

— Le portefeuille… que son père… avait une fois laissé tomber, — s’écria Mme Perrine, — et qui contenait ces lettres… ces lettres funestes… Et puis voilà ces deux petits fuseaux de bois sculptés… pour moi, par ce pauvre Claude, le meilleur, le plus malheureux des hommes… Oh ! quel bonheur ! mes trésors chéris,