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» Tu m’as demandé comment le portrait que je t’ai envoyé, ne trouvant pas prudent de le conserver ici, était en ma possession ; la lettre que je t’envoie, lettre simple, digne et touchante, te l’apprendra. En te l’adressant, bonne mère, en songeant qu’elle serait lue et comprise par toi, noble et grand cœur si cruellement éprouvé, j’ai, pour la première fois de ma vie peut-être, ressenti quelque orgueil en me disant que tu serais fière de ton fils… Et puis aussi, je glorifiais en moi l’enfant de la pauvre ouvrière, lâchement séduite, indignement abandonnée, l’enfant du peuple, qui, après la vie la plus misérable, la plus aventureuse, la plus humble, est arrivé à… Mais pardon, pardon, bonne mère ; je m’aperçois que ce mouvement d’orgueil, pour être le premier peut-être, n’en est que plus vif… Ce n’est pas à moi de m’enorgueillir,… c’est à toi d’être fière de ton fils, si sa conduite te paraît digne et bonne.

» Adieu, tendre mère, à bientôt,… dans trois ou quatre jours, peut-être je te verrai, car mon maître part, je l’espère, après-demain pour la Sologne, et la prudence ne me permettra pas d’aller t’embrasser le jour même de mon arrivée…

» Adieu encore, et tendrement adieu, la plus adorée des mères, je baise pieusement ton front et tes mains.

» Ton fils respectueux,
» Martin. »


La seconde lettre, sur laquelle Mme Perrine jetait