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lui rendait mille soins. D’abord accueillie avec une réserve défiante, qui cachait une honte pénible et ombrageuse, la jeune fille sut peu-à-peu, par son charme naturel, par ses prévenances, calmer les appréhensions de Mme Perrine. Celle-ci n’éprouva bientôt plus pour Bruyère que le plus tendre intérêt, salutaire ressentiment qui concourut encore à assurer, à confirmer la guérison de la pauvre folle.

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Depuis son entrée dans cette demeure, Bruyère, ainsi que nous l’avons dit, restait inaperçue, grâce à la contemplation pensive où était plongée Mme Perrine ; les objets sur lesquels tour-à-tour elle reposait son regard, étaient deux portraits et deux lettres.

L’un de ces portraits, peint en miniature, était placé sur ses genoux, dans sa botte de maroquin entr’ouverte.

L’autre portrait, beaucoup plus grand (haut de trois pieds environ, sur deux pieds de large), se trouvait placé au fond d’une espèce de placard, formant le corps supérieur d’un meuble de noyer, dont la partie inférieure servait de commode.

La miniature représentait un jeune homme de trente ans environ, au teint brun, aux yeux vifs, aux cheveux noirs bouclés, au visage légèrement allongé, à la physionomie spirituelle et hardie. Ces traits, sauf la différence d’âge et d’expression, offraient une extrême ressemblance avec ceux de Mme Perrine : ressemblance expliquée d’ailleurs par ces mots, gravés sur la bordure du médaillon :