sa récolte de froment ? Si elle a été prodigue,… ce n’est guère que la première fois,… mais après,… d’année en année, elle a été de plus en plus avare… Aussi, peut-être qu’en me donnant des paroles contre cette maudite, chère petite sainte… le mal changera en bien, car je n’espère plus qu’en vous.
— Écoutez, bon père, — reprit doucement Bruyère, — après tout un jour de travail sans relâche, que faut-il pour réparer vos forces épuisées ? Nourriture et repos, n’est-ce pas ?
— C’est bien le moins, chère petite sainte.
— Oui, c’est bien le moins et c’est justice,… bon père,… mais cette pauvre terre… que vous maudissez, lui avez-vous donné, après chaque récolte, nourriture et repos, c’est-à-dire hivernage et engrais ?
— Engrais ?… un petit (un peu)… hivernage ?… jamais… il ne manquerait plus que cela, — s’écria le vieillard, — si peu qu’elle donne, la mauvaise !! du moins elle donne,… vaut encore mieux ce peu que rien…
— Oui, bon père, peu vaut mieux que rien, mais beaucoup ne vaudrait-il pas mieux que peu ?… Et elle vous donnerait beaucoup, la généreuse mère, si elle avait nourriture et repos suffisant,… et encore, repos absolu ? Non, car le bon Dieu est si bon qu’il a voulu que, pour la terre, changement de culture valût repos…
— Comment cela, chère petite sainte ? — dit le vieillard de plus en plus surpris.
— Depuis dix ans, vous ne donnez à cette pauvre terre qu’un tout petit de nourriture, et vous lui demandez du grain, et puis du grain, et encore et toujours