je le ferai de bon cœur… mais pour vous ? petite Bruyère, mais pour vous ?
— Un jour je vous ferai dire ce que je veux… par quelque autre pauvre femme, — dit Bruyère avec un sourire mélancolique.
— Ah ! j’entends… — dit maître Chouart d’un air fin, — vous… c’est les autres… Ah ! l’on a bien raison, petite Bruyère ! Petite Bruyère ! vous êtes charmée !
— Ah ! ma chère fille, — dit la mère, en prenant les mains de Bruyère, qu’elle baisa deux fois avec reconnaissance, comme on fait bien de venir à vous ! Mon enfant est à demi sauvé… Mais, — ajouta-t-elle timidement et avec hésitation, — ce n’est pas tout, si vous vouliez dire seulement quelques paroles contre sa maladie… mon pauvre enfant serait sauvé tout-à-fait…
Bruyère crut, avec beaucoup de sens, que ses conseils doubleraient d’autorité et seraient encore plus scrupuleusement suivis s’ils étaient accompagnés de quelque mystérieuse particularité ; aussi, semblant réfléchir à la demande de la mère, la jeune fille détacha lentement une des branches de bruyère qui ornaient ses cheveux bruns, l’approcha de ses lèvres vermeilles qui paraissaient murmurer de mystérieuses paroles, puis, d’un air solennel qui contrastait avec sa petite taille et sa figure enfantine, elle tendit à la pauvre femmelette la brindille verte et rose, et lui dit :
— Prenez cette branche de bruyère…
— Merci, ma chère fille… — dit la pauvre