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petite Bruyère… merci, petite Bruyère… comme si j’avais prié le bon Dieu, même que…

Bruyère l’interrompit encore.

— Puisque vous êtes content, maître Chouart, il faut me rendre contente aussi…

— Je venais pour ça ; et comme on dit que vous ne voulez jamais d’argent pour avoir dit des paroles… je…

Nouvelle interruption de Bruyère, qui reprit en montrant à l’homme au grand chapeau la pauvre femme dont le regard suppliant semblait dire à la jeune fille : — Vous qui pouvez tant… sauvez donc mon enfant.

— Voilà une digne femme du Val… son petit enfant est bien malade… il serait, j’en suis sûre, sauvé, s’il avait un petit lit bien chaud, un bon vêtement, et, pendant un mois ou deux, un peu de lait chaque jour… Eh bien ! je vous en prie, maître Chouart, donnez à sa mère une brassée de la dernière laine de vos brebis, dans un demi-sac de toile… voilà le matelas… Votre ménagère trouvera bien, dans l’armoire, une jupe de futaine dont on en fera deux pour l’enfant… voilà le vêtement. Chaque jour vous mettrez un pot de lait de côté pour ce pauvre petit… sa mère ira le chercher à votre maison… Faites cela, maître Chouart, — ajouta Bruyère d’une voix douce et pénétrante, — faites cela… et c’est moi qui vous devrai…

Oui… bien, — je ferai cela pour cette brave femme, — s’écria l’homme au grand chapeau, — et