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dit : Pour vos agneaux de printemps, grand air, verdure et soleil… la nuit étable ouverte et fraîche ; les agneaux respireront un air pur ; sous le flanc de leur mère, ils n’auront jamais froid ; les petits chevreuils des forêts naissent, grandissent et deviennent robustes, sans autre abri que le sein de leur mère et la Tallée de chêne où elles les a mis bas… Mais les petits du pauvre, — ajouta Bruyère les yeux remplis de larmes, — mais les petits du pauvre sont plus à plaindre que les petits de la brebis de l’étable ou de la chevrette des forêts, leur mère ne peut les réchauffer sur son sein glacé… et quand son lait se tarit, ils ne trouvent pas, eux, leur nourriture dans la plaine ou dans le bois. Votre enfant a souffert du froid, de la faim… chère et pauvre mère ; son mal vient de là… et contre ce mal, hélas !… je n’ai pas de paroles.

— Il faut donc qu’il meure, ma chère fille, puisque vous n’avez pas de paroles contre son mal, dit la mère en sanglotant.

— Un médecin… l’a-t-il vu ?

— Il n’en vient jamais chez nous… c’est trop loin, et puis, est-ce que nous pourrions jamais le payer ?… ni les drogues non plus… c’est pas le malheureux monde comme nous qui peut voir des médecins.

Bruyère regarda l’enfant avec un silencieux attendrissement ; son cœur souffrait à la pensée de renvoyer cette pauvre mère sans un mot d’espérance.

    spiratoires, et très-souvent des morts par asphyxie avec tous les symptômes de cette espèce de mort.