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CHAPITRE X.


bruyère.


À peu de distance de la métairie, Bruyère venait de rencontrer les gens qui se rendaient auprès d’elle pour être conseillés, ainsi que disait la Robin ; voulant d’abord accomplir son devoir, la jeune fille avait prié ses rustiques clients de l’attendre quelques instants au dehors.

Lorsque Bruyère entra dans la cour de la métairie, le ciel crépusculaire, d’un sombre azur à son zénith où scintillaient déjà quelques étoiles, restait encore à l’occident d’une transparence lumineuse, dernier reflet du soleil couché, qui donne un charme si mélancolique aux belles soirées d’automne ; sur ce fond d’un pourpre pâle se dessina la figure de Bruyère ; de très-petite stature, mais parfaitement proportionnée, elle portait un sarreau à manches demi-longues, en grosse étoffe de laine blanchâtre largement rayée de brun, serré à la taille par une flexible ceinture de joncs fins comme de la soie, tressée par Bruyère avec une adresse merveilleuse. Grâce à son ampleur et à l’épaisseur de son tissu, le vêtement de la jeune fille, montant jusqu’à la naissance