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ce site d’un effet si pittoresque, il s’apercevrait bientôt que l’ardeur du soleil faisant fermenter les masses de fumier humide qui encombrent la cour, il s’en exhale une odeur putride qui infecte l’habitation déjà privée d’air, pendant que la fange du marais, attiédie par les feux de la canicule, répand des miasmes délétères non moins funestes que les épais brouillards dont il est couvert durant l’automne et l’hiver.

Oui, car l’on ignore ou l’on oublie que si, grâce à l’inépuisable profusion de la nature, ces pauvres demeures où s’abrite la population agricole, sont, durant une courte saison, ornées au-dehors d’une humble et agreste parure, l’intérieur de ces masures et la condition de ceux qui les habitent, offrent en tout temps l’un des plus douloureux aspects qui puissent contrister le cœur.

Et nous disons que le sort, que la santé, que la vie de milliers de créatures de Dieu ne doit pas dépendre de la bonne ou mauvaise volonté, du bon, du mauvais cœur d’un seul homme, sous le prétexte qu’il est détenteur d’une partie du sol d’un pays.

Ainsi… M. Duriveau ou, après lui, son fils est propriétaire de deux ou de trois lieues de territoire. Par l’incurie, par l’ignorance, par l’égoïsme ou par l’avarice de cet homme, par sa faute enfin, cette partie du sol qu’il possède, et que de nombreuses familles de travailleurs habitent, est abandonnée à l’action homicide des eaux stagnantes qui, écoulées, utilisées par de grands travaux d’assainissement, pourraient fertiliser, féconder ce sol, qu’elles frappent de stérilité et qu’elles rendent mortel à ceux qui le cultivent à si