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— Hum !…

— Est-ce vrai ? — reprit la Robin triomphante, — oui ou non ? mangent-ils tout, et nous rien ?

— Le vrai est qu’ils mangent tout, — dit le charretier d’un air piteux, après un moment de réflexion et comme frappé de l’évidente clarté du raisonnement de la Robin, — le vrai est qu’ils mangent tout, et nous rien.

— Ils ont donc leur sort, comme nous le nôtre, seulement le leur est bon et le nôtre mauvais ; là-dessus, vite, les cuillers dehors — ajouta la Robin, — mangeons la pâtée, ça sera autant de fait, et un bon débarras.

Et chacun s’approcha de la terrine, poussé par un appétit que tempérait le dégoût ; la Robin, assise entre les deux charretiers, paraissait les traiter avec une bienveillance égale ; le petit vacher se tenait en face de la Robin.

— Ça vous dégringole lourd et froid dans la panse comme des glaçons fricassés dans la neige, — dit le charretier, en replongeant lentement sa cuiller dans la terrine ; — moi qui étais transi en rentrant, ça me retransit encore plus.

— C’est pas les chiens à M. le comte, qui chassait tantôt dans les bois, qui s’arrangeraient de cette pâtée-là… au moins ? — fit l’autre charretier.

— Vrai, elles sont bien heureuses, bien choyées, ces bêtes-là, — reprit Simon ; — l’autre jour, en allant

    En Sologne il n’y a qu’une petite fraction de la population agricole qui puisse même prétendre à ce DEMI-QUARTERON de viande de porc PAR SEMAINE.