jusqu’à mes bottes, — s’écria Dumolard d’une voix éperdue et entrecoupée, — il m’a tout pris…
— Qui ? — demanda Beaucadet.
— Il m’a forcé de me déshabiller en me menaçant de me tuer, il a mis mes habits en se plaignant encore qu’ils étaient cent fois trop larges pour lui, le scélérat ! et notez que j’avais cinquante-trois louis dans ma bourse, et qu’elle se trouvait dans la poche de ma culotte… Enfin le brigand m’a pris jusqu’à ma casquette, jusqu’à ma perruque, pour se déguiser.
— Mais qui ? — cria Beaucadet de toute sa force, — mais qui ?
— Enfin, prenant mon cheval par la bride, il l’a fait sortir de l’épais taillis où je m’étais égaré et où je l’avais rencontré pour mon malheur, le monstre ! et il a disparu sans que j’aie osé le suivre.
— Mais qui ? qui ? qui ? — cria Beaucadet avec un effrayant crescendo d’exaspération.
— Et tout à l’heure, — continua l’autre, emporté par le feu de sa narration, — tout à l’heure, en me traînant ici, je l’ai vu passer tout au bout d’une longue allée, il galopait à bride abattue, et il a rencontré deux gendarmes qui l’ont salué… les imbéciles !
— Mais vous en seriez un autre, — s’écria Beaucadet, — si vous ne disiez pas enfin qui est-ce qui vous a pris sur le corps votre cheval, vos effets, votre argent, vos bottes, et jusqu’à votre perruque.
— Mais qui voulez-vous que ce soit, si ce n’est pas lui ?
— Mais qui ? lui ! — hurla Beaucadet exaspéré.
— Le vôtre !