de la part de Just, à venir recevoir l’expression de la gratitude qu’il méritait.
Néanmoins, j’ai été surpris de ce que, n’attendant pas Just ce jour-là, Régina ouvrît sa porte à des indifférents dont la présence devait lui être insupportable au milieu de ses préoccupations.
J’ai, d’ailleurs, exécuté ses ordres, et successivement annoncé chez la princesse : M. le baron d’Erfeuil, que le prince trouvait aussi beau que bête ; le comte d’Hervilliers, espèce de colosse à voix d’airain, qui se fait prier de chanter des bergerades, et enfin M. Dumolard, l’énorme frère de Mme Wilson.
La princesse m’a sonné pour m’ordonner d’apporter du bois, peu de temps après l’arrivée du dernier visiteur ; j’ai été étonné de trouver la conversation fort animée, et de voir Régina, la joue légèrement colorée, parler avec animation d’une chose parfaitement futile, autant que j’en ai pu juger.
Redoutant sans doute la solitude, elle voulait s’étourdir ou tuer le temps jusqu’au lendemain, jour où elle croyait avoir une entrevue, si grave pour elle, avec le capitaine Just. Je ne me trompais pas : au bout de dix minutes, je fus appelé de nouveau par la sonnette de la princesse ; j’allais entr’ouvrir les portières, lorsque j’ai entendu le beau d’Erfeuil dire, du bout des lèvres :
— En vérité, princesse, vous êtes charmante d’accepter si gracieusement cet impromptu de petit spectacle et de souper.
— J’accepte, — dit la princesse, — mais à condition que Mme Wilson pourra venir avec moi, car M. de Montbar ne dîne pas ici ce soir.