Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Lorsque je vis la voiture à peu de distance de la rue du Marché-Vieux, de crainte d’être aperçu par le capitaine Just je voulus descendre, calculant alors ma distance et mon élan, je me retournai, d’un bond je franchis de nouveau le cercle hérissé de pointes de fer, je tombai d’aplomb. La voiture continua sa route pendant quelques secondes, puis détourna à l’angle de la rue du Marché-Vieux. Je pris mon mouchoir, je le nouai très-serré autour de ma jambe, ce qui me causa, momentanément du moins, un très-grand soulagement.

J’allais entrer dans la petite rue, lorsque, arrêté à quelques pas de son tournant, je remarquai un fiacre dont les chevaux ruisselaient d’écume.

— Cocher, — dis-je à cet homme, — n’avez-vous pas amené ici un monsieur… grand et brun, que vous avez pris rue de l’Université ?

— Oui, mon garçon, une fameuse course, mes chevaux n’en peuvent plus… Mais dix francs de pourboire… ça en valait la peine. Je laisse souffler mes bêtes avant de m’en retourner… et…

— Y a-t-il long-temps que vous êtes là ?

— Un quart-d’heure au plus.

— N’avez-vous pas vu entrer dans cette rue un autre fiacre ?

— Oui… il y a cinq minutes… Il allait un train d’enfer, comme moi tout-à-l’heure… Il paraît que c’est le jour, et…

— Mais avant ? n’en avez-vous pas vu entrer un autre dans cette petite rue ?

— Ah ! oui, il y a peut-être dix minutes, une citadine bleue avec un cheval blanc… Mais il n’avait