chantonnements des autres, formaient le plus joyeux murmure.
Soudain Just et Régina restèrent émus, frappés, d’un tableau touchant qui s’offrit à leur vue.
Dans la vaste salle de travail, venait d’entrer dame Perrine… marchant doucement, sa main appuyée sur l’épaule de Bruyère.
La mère de Martin, encore très-belle malgré sa pâleur, avait l’air un peu souffrant, mais sa physionomie exprimait la plus ineffable bonté ; vêtue de noir selon sa coutume, un simple bonnet blanc laissait voir ses larges bandeaux de cheveux noirs.
Bruyère, réglant soigneusement son pas sur celui de sa mère, qui s’appuyait doucement sur son épaule, avait conservé son costume d’une originalité charmante et sauvage : quelques brindilles de bruyère rose ornaient sa jolie chevelure ondée ; ses bras ronds, légèrement hâlés, étaient demi-nus : seulement des bas blancs et de petits brodequins de cuir avaient remplacé ses bottines tressées de jonc et ses sabots ; on lisait sur sa ravissante figure, pâle et affectueuse comme celle de sa mère, les traces d’une mélancolie remplie de résignation… La pauvre petite Bruyère regrettait toujours son enfant… qui lui avait cependant coûté tant de larmes… tant de honte.
— Mon Dieu ! Monsieur Gérard, — dit tout bas Régina, — quelle est donc cette charmante personne qui vient d’entrer, et sur laquelle s’appuie cette dame d’une figure si noble et si douce ?
— Je n’ai, de ma vie, rien vu de plus joli que cette jeune fille, avec ces bruyères roses dans ses cheveux, —