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— Ciel !… qu’avez-vous tous deux ? — s’écria Martin, — du secours !… du secours !…

— Silence, — lui dit Basquine en faisant un dernier effort pour mettre sa main glacée sur les lèvres de Martin. — Laisse-nous… Bamboche échappe à l’échafaud… moi… j’échappe à la vie !!!

— Ah ! c’est horrible… tous deux !!! — s’écria Martin bouleversé. — Le poison !!! peut-être !!!

— Oui, — dit Basquine, — dans une bague… que j’avais au doigt… Le geôlier n’a rien vu…

— Oh ! — s’écria Martin, — si jeune… si belle… mourir ainsi désespérée !  !

— Et à ce moment encore… et… plus amèrement que… jamais… je… dis : Après ?… — murmura Basquine d’une voix expirante.

— Adieu, Basquine, adieu, Martin, — ajouta Bamboche à l’agonie, — je meurs comme un chien, je ne crois… je n’ai cru à rien… mais j’ai été fidèle… aux… serments… de… notre… enfance.

Et écartant d’une main défaillante les revers de sa casaque de prison, il mit à nu sa large poitrine, sur laquelle on lisait ces mots tatoués en caractères indélébiles :

Basquine pour la vie. Son amour ou la mort. 15 février 1826. — Amitié fraternelle et pour la vie à Martin, 10 décembre 1827.

— Ah !… — s’écria Martin avec désespoir, — j’en atteste ce généreux sentiment d’amitié qui a toujours survécu en vous… vous étiez nés pour le bien… mais impitoyablement abandonnés, dès l’enfance, par une société marâtre… vous mourez ses martyrs !