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son noble fils avaient échangées à cette heure solennelle !!…

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Martin restait pétrifié d’épouvante ; Basquine et Bamboche, qui du fond des ténèbres où ils se tenaient, venaient d’apercevoir leur compagnon d’enfance… muets… effrayants… l’œil sec et ardent, lui montraient d’un geste impitoyable ce malheureux père se roulant sur le corps inanimé de son fils…

Cette froide férocité exaspéra Martin et l’arracha de sa stupeur :

Traversant rapidement la chambre sans être aperçu du comte qui, éclatant en sanglots déchirants, en cris inarticulés, se tordait sur le lit, ses lèvres collées au visage glacé de son fils, Martin, saisissant Basquine par le bras, s’écria d’une voix basse, mais pleine de colère, d’indignation et de menace :

— Non, vous n’insulterez pas par votre présence à la douleur… aux remords de ce père qui a tué son fils… Basquine… vous vous êtes fait une arme homicide d’un secret que je vous ai confié… comme à une sœur… C’est infâme…

— Frère… je te vengeais… aussi… — répondit sourdement Basquine.

— Non, vous n’aurez pas la force de rester là… pour que ce malheureux vous voie… vous, la cause de ce crime affreux ! — s’écria Martin d’une voix à la fois si déchirante… si suppliante, quoique contenue, que Basquine, déjà atterrée du reproche de Martin, se recula plus profondément encore dans l’ombre de la seconde pièce… de façon à ne pouvoir être aperçue par le