pas Mme Wilson, sa seule véritable passion… Eh bien ! je subirai l’atroce humiliation de la prison… mais je le frapperai au cœur, j’y comptais bien. Ce sera toujours cela… en attendant mieux, et ce mieux… par l’enfer… je le trouverai, que vous veniez ou non… à mon aide.
— Vous vous trompez complètement, mon pauvre Scipion, — dit Basquine en haussant les épaules ; vous subirez l’atroce honte de la prison ; votre père se moquera de vous et épousera délicieusement la jolie veuve.
— Vous êtes folle… ne sais-je pas bien qu’elle ne se mariera qu’à condition que je rende l’honneur à sa fille ?…
— Vous raisonnez comme un enfant : Mme Wilson, avant tout, idolâtre sa fille… et lorsque cette tendre mère verra que vous aimez mieux aller en prison… que d’épouser cet ange… elle comprendra quel abominable mari vous auriez fait, se consolera fort de ne pas vous avoir pour gendre ; et comme de plus Mme Wilson est très-pauvre et que votre père est colossalement riche, elle ne sera pas assez sotte pour manquer un pareil mariage… qui lui permettra par la suite d’assurer même l’avenir de sa fille, doublement compromis par vous… Il vous restera donc pour seule vengeance le plaisir d’écrire du fond de votre ridicule prison à Mme Wilson, votre seconde mère, pour la prier d’intercéder pour vous… et comme le bonheur rend indulgent, il se pourra que votre père, au comble de la félicité… vous pardonne le tour sanglant qu’il vous a joué.
À ces paroles de Basquine, Scipion tressaillit et resta un moment pensif.