l’écrasez… Mais maintenant pourrai-je savoir… quel est le but de votre visite ? Vous avez des sentiments trop élevés, vous êtes trop généreux… pour venir seulement ici afin de triompher à mes yeux, et de vous manifester à une humble fille comme moi dans l’éclat olympien de votre toute-puissance paternelle… dont un des plus beaux privilèges me paraît être celui de faire emprisonner les gens… ou de les marier de force. Cela sent bien un peu son cadi… Mais enfin, le tour est cruel et bien joué… Cependant, Monsieur, si bien joué qu’il soit, ce n’est pas, je pense, pour me le voir applaudir que vous me faites l’honneur de venir chez moi.
— En effet, Madame… il m’a fallu un motif fort grave, pour m’amener chez vous… pour m’abaisser jusqu’à vous donner, même pendant un instant, la pensée que j’étais assez misérable pour venir écouter vos insolentes prétentions…
— Et ce motif, Monsieur ?
— Madame… — reprit le comte sans répondre à cette question, — mon fils est ici.
— Monsieur… — répondit Basquine en feignant la surprise et l’embarras.
— Je vous dis que mon fils est ici…
— Mais, Monsieur…
— Il est là, — dit M. Duriveau, en faisant un pas vers la porte du boudoir, — il est là… j’en suis certain.
— Oui… il est là, — dit Basquine à voix basse et simulant une grande frayeur, — mais silence… je vous en conjure… je tremble qu’il ne vous ait entendu…