au risque d’éveiller Madame, je vais lui porter cette lettre.
Dix minutes après, Astarté revenait en courant.
— Ah ! mon Dieu… quelle bonne idée j’ai eue, — dit-elle à Leporello, de porter la lettre à Madame !
Puis, s’adressant au portier :
— Vite, vite, Monsieur Durand, priez ce Monsieur d’entrer, et amenez-le ici.
Le portier s’empressa d’obéir, et revint bientôt précédant Bamboche.
On se souvient peut-être que le bandit, accusé de deux meurtres, et traqué de forêt en forêt après son évasion des prisons de Bourges, avait failli être arrêté par Beaucadet et ses gendarmes, dans un bois appartenant au comte Duriveau ; mais rencontrant d’abord Bête-Puante, qui lui avait donné asile dans son repaire, puis, plus tard, M. Dumolard, qu’il avait dépouillé de ses habits, de son cheval et de cette bourse de cinquante-cinq louis que le gros homme regrettait si amèrement, Bamboche, à l’aide de cette somme, était parvenu, après des peines infinies, à dépister les gens de police mis à sa recherche, et enfin à gagner Paris où il espérait, non sans quelque raison, être mieux caché. Songeant enfin à Basquine, dont il connaissait la brillante position, il avait espéré que la compagne de son enfance lui serait secourable.
Bamboche, dont l’épaisse barbe brune couvrait à moitié le visage, et qu’un large bandeau noir placé sur l’œil gauche déguisait encore, était proprement vêtu ; mais ses traits rudes, sa pâleur, sa physionomie