pendant près de deux ans, comme première chanteuse de l’opéra de la cour… et ma foi, le roi…
— En est devenu amoureux ?
— Amoureux fou… comme les autres ; mais un beau jour, je ne sais ce qui est arrivé, on a dit que lors d’un rendez-vous avec Madame, le roi a couru un grand danger… dont un inconnu l’a sauvé comme par miracle.
— Un danger, dans un rendez-vous ? Ce roi avait donc un rival, alors ?
— Je n’ai jamais bien su la chose, ce n’était pas de mon temps ; le peu que j’ai appris, je le tiens de Juliette… Tu te rappelles bien Juliette, de chez la princesse de Montbar.
— Pardieu… où était Martin… bon garçon, mais taciturne en diable.
— Justement ; Martin avait accompagné la princesse… qui de princesse était devenue simple bourgeoise, vu que, depuis la mort du prince son mari, elle avait tout bourgeoisement épousé M. Just Clément son amant… Eh bien ! Juliette qui, ainsi que Martin, était restée au service de la princesse ou de Mme Clément, si tu l’aimes mieux, l’avait accompagnée dans cette ville du Nord ; c’est pendant leur séjour que s’est passée cette aventure du roi et de Mlle Basquine. Du reste, M. et Mme Clément allaient très-souvent à la cour ; le roi les aimait, dit-on, beaucoup ; toujours est-il qu’après l’aventure dont je te parle, Mlle Basquine, au lieu de finir son engagement, qui était encore de six à huit mois, est revenue en France, et c’est peu de temps après son retour que je suis entrée chez