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sence de Claude Gérard l’ordre de chasser maître Chervin et sa femme de la métairie du Grand-Genevrier.

Cette méchante action accomplie, Scipion et son père, remontant en voiture, étaient revenus au château du Tremblay pendant que les gendarmes emmenaient Claude et Martin.

De retour chez lui, le comte, suivant l’avis de Beaucadet, crut prudent de faire quelques recherches dans la chambre de Martin sur qui de graves soupçons planaient alors.

Ces recherches furent d’abord vaines, mais M. Duriveau, trouvant une malle fermée, s’était cru autorisé à la forcer, et y avait pris un coffret de bois blanc renfermant le cahier manuscrit des Mémoires de Martin, accompagné d’une lettre au roi.

Cette correspondance de son valet de chambre avec un roi, excitant vivement la curiosité de M. Duriveau, il avait emporté le manuscrit des Mémoires dans sa chambre, et s’était mis à les lire alors qu’une heure du matin sonnait à l’horloge du château du Tremblay.

Telles étaient, on le sait, les premières lignes des Mémoires de Martin :

« Je n’ai conservé qu’une idée confuse et incomplète des événements qui ont précédé ma huitième ou ma neuvième année. Cependant, de cet obscur passé déjà si lointain, j’ai gardé la mémoire d’une jeune belle femme dont les doigts agiles faisaient presque continuellement bruire les fuseaux d’un métier à dentelles tout couvert de brillantes épingles de cuivre ; le cliquetis sonore des fuseaux faisait ma joie ; il me semble l’entendre encore ; mais, le soir, cette joie se changeait