Désormais, à quoi serai-je bon à la princesse ?
Mais moi ?… cette habitude d’intimité domestique… si douce, si chère à mon cœur, malgré les tourments dont elle est parfois traversée, pourrai-je la rompre ? vivre loin de Régina ?… ne plus la voir, presqu’à chaque instant du jour ?… m’éloigner… maintenant surtout que la voilà si heureuse ?…
Aurai-je ce courage ? résisterai-je à cette mélancolique satisfaction de me dire, en voyant le bonheur rayonner sur ses traits et sur ceux de Just :
« À cette félicité… j’ai contribué… Ces épreuves douloureuses mais nécessaires à la consécration de leur amour qu’elle devait rendre pur de tout remords, ces épreuves dont ils sont tous deux si glorieusement sortis, je les ai suggérées dans l’intérêt même de leur tendresse, de sa grandeur et de sa dignité. »
Et c’est à ce moment que je quitterais Régina, après avoir eu si long-temps sous les yeux le spectacle désolant de sa tristesse, de ses malheurs !
Non… non… s’il m’est dû quelque récompense… telle sera la mienne… la vue de cette félicité… à laquelle j’ai contribué de toutes les forces de mon dévoûment ignoré… et qui doit l’être toujours.
Non… d’ici à quelque temps… si elle y consent du moins, je ne quitterai pas Régina.
Et si plus tard… cette douce et dangereuse habitude de vivre près de Mme de Montbar s’est tellement incarnée en moi, que je ne puisse plus m’y soustraire ; si, s’accoutumant à me regarder comme un de ces bons et fidèles serviteurs, dont on ne se sépare plus… la princesse me dit quelque jour :