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Je vous le dis encore, ce n’est pas à vous seule d’acquitter cette dette sacrée envers celui à qui vous devez… le jour le plus heureux, le plus beau peut-être de votre vie… Pourquoi donc, moi qui ai partagé vos joies, vos peines, ne partagerai-je pas aussi votre reconnaissance pour M. de Montbar ?

— Pourquoi ? — s’écria Régina, voyant sans doute avec frayeur combien Just se doutait peu de ce qu’elle avait à lui apprendre, — pourquoi ? parce qu’il est, hélas ! des choses que vous ne soupçonnez pas…

— De grâce… parlez… Régina.

— Depuis le retour de mon mari, vous le savez, ma position était devenue intolérable… Dissimuler mon amour pour vous… quand cet amour remplissait mon cœur… ma vie… je ne le pouvais plus… il m’est aussi impossible de cacher ce qui est vrai, que de dire ce qui est faux… aussi j’ai franchement avoué à mon mari, qu’au point où en étaient venus mes rapports avec lui, depuis un an, une séparation sans bruit, sans scandale, ainsi qu’il convenait à des gens comme nous, était nécessaire… inévitable.

— Ce projet, nous en avions souvent causé… mais pourquoi ne m’avoir pas averti ?…

— Eh ! mon Dieu ! à quoi bon vous tourmenter de ces pénibles discussions. Je ne voulais vous en parler que pour vous dire… tout est arrangé… nous sommes libres…

— Cette séparation ? — dit Just sans cacher son anxiété, — il s’y refuse ?

— Il a été admirable de générosité, — reprit Régina avec une sorte d’accablement ; — il ne veut pas que la