amour ; pour le vaincre vous avez tout tenté… le bien comme le mal, vous ressentez enfin les affreux tourments de la jalousie. Et pourtant hier encore, vous étiez pleurant d’amour et de désespoir devant le portrait de votre femme !
Il y eut sans doute tant d’autorité dans la sincérité de mon accent et dans la vérité des faits que je rappelais au prince, il fut si confondu de me voir instruit de particularités qu’il croyait ignorées de tous, que d’abord sa stupeur ne lui permit pas de me répondre.
— Et c’est parce qu’il vous reste au cœur un ardent et profond amour, — ai-je poursuivi avec une chaleureuse conviction, — que votre position m’intéresse vivement… et croyez-moi, Monsieur, votre position n’est pas désespérée… l’amour vrai… peut enfanter des prodiges… Et déjà, il y a six mois, rougissant enfin de l’oisiveté où votre vie s’était jusqu’alors passée, n’avez-vous pas eu un courageux retour vers une vie digne de vous ? digne de ce glorieux nom dont vous êtes fier… dont vous devez être fier, Monsieur… car votre aïeul… dont vous avez fait porter le portrait chez vous pour vous inspirer de ses grands exemples…
— C’est à devenir fou, — s’écria le prince, presque avec un accent de frayeur ; — je ne sais si je veille où si je rêve… Quel est cet homme ; comment s’est-il…
— Ce soldat illustre, dont vous descendez, Monsieur, — ai-je dit sans m’arrêter à l’interruption du prince, — le maréchal prince de Montbar a laissé un nom glorieux, vénéré ; pendant la guerre, il a héroïquement combattu pour la France… pendant la paix, prenant en main la cause des déshérités, il a réclamé, obtenu