— Monsieur le marquis !… Bon, — se dit le prince à demi-voix, en m’entendant donner ce titre par le cocher.
— Voulez-vous avoir la bonté de monter, Monsieur, dis-je au prince au moment où, avec inquiétude, je le vis regarder attentivement le numéro du fiacre : il voulait, sans doute, retenir ce numéro, à l’aide de ce renseignement, retrouver Jérôme, et de lui savoir mon nom, si je continuais de le lui cacher. Ceci, pour moi, était fort grave. Je connaissais la probité, l’attachement de Jérôme ; mais il ignorait combien il m’importait que mon véritable nom restât ignoré du prince, aussi, cédant à des offres considérables, Jérôme pouvait dire simplement que je m’appelais Martin. Malheureusement, il m’était impossible de prévenir alors ce brave homme, et je craignais de ne pouvoir l’avertir avant la fin de la nuit, ignorant quels incidents imprévus allait amener mon entrevue avec le prince.
— Voulez-vous avoir la bonté de monter en voiture, Monsieur, — répétai-je à M. de Montbar.
— Pardon, Monsieur, — me dit-il en passant devant moi.
Je montai après lui.
— Où faut-il conduire M. le marquis ? — me demanda Jérôme au moment de fermer la portière.
— Chez vous, je pense… Monsieur ? — dis-je au prince.
— Soit, chez moi, Monsieur, — me répondit-il après un moment de silence ; — une fois là… je verrai ce que j’aurai à faire.